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Si on voit rien, je le couperai en 2 !
Patrick Bruel se souvient
très bien de ce qu’il doit à
Alexandre Arcady : « C’est
lui qui m’a mis au monde Pdans ce métier. » Depuis
leurs débuts sur « le Coup de sirocco
», ces natifs d’Algérie ont noué
une amitié solide—« Alexandre est
le parrain de mon deuxième enfant
»—et fructueuse. Alors que sort
aujourd’hui « Comme les 5 doigts de
la main », leur cinquième collaboration,
Bruel jette un coup d’oeil dans le
rétro.
« Le Coup de sirocco » (1979).
« Le 18 juin 1978, j’ai 19 ans, un copain
m’apporte une petite annonce
de casting etme prête samob pour y
aller. C’est comme ça que j’ai commencé.
A l’écran, je suis le double
d’Arcady. Il aime bien que je le représente.
C’est une grande fierté. Pendant
le tournage, j’ai senti que je voulais
être acteur. Autour de moi, en
revanche, personne n’avait l’air de se
dire que j’étais fait pour ça ! Pourtant,
Paulo Narboni, c’était un vrai rôle de
composition ; moi, au contraire,
j’étais un extraverti, un type qui
chante avec sa guitare. Après, il a
fallu convaincre… »
« Le Grand Carnaval » (1983).« A
l’origine, il n’y avait pas de rôle pour
moi. Sauf que je l’avais toujours en
travers de ne pas avoir participé au
Grand Pardon, alors j’ai appelé Alexandre
: Je suis à l’armée, je veuxme
tirer deuxmois, débrouille-toi ! Une
fois sur place, j’ai construit le personnage
de Pierre-Marie Labrouche
jour après jour, obstinément. Notre
amitié a commencé comme ça,
quand il a vu qui j’étais vraiment, un
môme qui faisait tout pour exister.
Après avoir joué le fils de Roger Hanin,
j’étais celui de Philippe Noiret. Il
était très tendre, très paternel avec
moi, il me disait : Venez déjeuner, si
vous ne voulez pas que votre carrière
s’arrête ! »
« L’Union sacrée » (1989). « A ce
moment-là, je suis en train d’écrire
l’album Alors, regarde, je tourne
coup sur coup Attention, bandits !,
la Maison assassinée, l’Union sacrée
et Force majeure. C’est
l’époque où je prends de l’épaisseur,
en tant qu’acteur et en tant
qu’homme. Avec Simon Atlan, Arcady
m’offre mon premier héros, un
rôle de jeune père de famille mais
aussi de flic un peu « no limit ».
C’était intéressant, en 1989, de parler
des relations entre un policier juif
et unmusulman, demontrer que ces
personnages ont en fait beaucoup de
points communs. Le plus fou, c’est
que l’Union sacrée, qui parle de l’affaire
Gordji, est sorti juste le jour où
l’Iran a lancé une fatwa sur Salman
Rushdie ! »
« K » (1997). « Le film le plus
abouti d’Alexandre, celui que je peux
revoir comme si je ne jouais pas dedans.
Cette histoire de trahison, c’est
terrible ! A l’époque, ça fait un moment
qu’on n’a pas travaillé ensemble,
on est passé par un phénomène
de société appelé la
bruelmania et j’ai envie de lui prouver
que j’en sors intact. Le premier
jour, je lui dismême : Utilise-moi ! Je
l’ai dit à ClaudeMiller, aussi. J’adore
lemétier d’acteur.Mon objectif : arriver
au non-jeu, à quelque chose de
vrai et de tenu. Comme ce qu’on fait
en cemoment avec PierreMurat sur
les répétitions du Prénom, la pièce
que je jouerai en septembre. On se
marre ! »
« Comme les 5 doigts de la
main ». « Entre K et celui-ci, il s’est
écoulé douze ans. Arcady a eu envie
de raconter des histoires qui ne me
correspondaient pas, donc je lui ai
parfois dit non. Peut-on dire non à
un ami ? Je crois, si on veut que le oui
garde une résonance pure. Je suis
content qu’on se retrouve sur ce projet,
avec une histoire de frères.
Comme Alexandre, je suis l’aîné et
çam’a comblé de joie d’avoirdespetits
frères. En plus, l’écart était tel
qu’on a eu un rapport père-fils, jeme
suis beaucoup occupé d’eux et ils
me l’ont tellement rendu ! Dan, mon
personnage, pose un regard bienveillant
sur ses frères. Le film montre
bien les différentes facettes du judaïsme
aujourd’hui. Un journaliste
m’a dit que j’avais tourné 42 films en
trente ans. Je n’ai rien vu passer. Surtout,
j’ai l’impression que le meilleur
reste à venir. »
PROPOS RECUEILLIS