TROTTOIRS
Trottoirs délaissés
Comme un clochard dans son coin
Trottoirs ignorés
Par le bruit joyeux des festins
Trottoirs oubliés
Dont il ne reste rien
Et dire que d’ l’histoire ils sont témoins
Cette histoire qui est la nôtre mine de rien
Qui note en silence notre quotidien
Dans le cycle infini du va-et-vient
Personne ne leur a appris l’étiquette
Enfants d’ la rue grandis à l’aveuglette
Loin des phares, loin des vedettes
Pauvres comparses jetés aux oubliettes
Trottoirs délaissés
Comme un vieillard dans son lit
Trottoirs ignorés
Par le scoop des inédits
Trottoirs oubliés
Dans le vacarme de la vie
Et dire qu’ils en savent plus que nous
Chefs de file ou grands gourous
Ils ont vu naître des rois et des voyous
Des générations de sages et de fous
Ils ignorent les formules de politesse
Ils n’ont eu ni maître ni maîtresse
Pour diplôme ni DEUG ni CAPES
Rien que des rides dans leur palmarès
Trottoirs délaissés
Comme une marge inutile
Trottoirs ignorés
Par les lumières des villes
Trottoirs oubliés
Comme des êtres futiles
Et pourtant ils travaillent sans trêve
Jamais il n’ont déclaré grève
Au boulot dès que le jour se lève
Infatigables quand les autres crèvent
Ils portent en eux tous les secrets
Loin d’eux l’idée d’ les dévoiler
Compagnons de vie pourtant ignorés
Dans la vertu, le vice ou le péché
Trottoirs à vie
Par un pacte inconscient
Trottoirs en vie
Par le flux des ans
Trottoirs de vie
Bible sans testament
Terre promise, terre du temps..
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